Intervention du 6 mai 2023 : Octave Mirbeau
Octave Mirbeau : bonapartiste, antisémite, dreyfusiste ; journaliste, romancier, critique d’art.
Octave Mirbeau (1848-1917) est né à Trévières (Calvados) – une plaque est apposée sur la maison de la famille de sa mère ; enfant à Rémalard (Orne), il est attentif aux conversations des adultes, il enregistre des images sur la Normandie qui nourriront contes et nouvelles. Après ses études, désireux de fuir des emplois qui le confineraient en Normandie, il devient l’assistant d’une personnalité politique locale qui peut lui ouvrir les portes de la capitale, Dugué de la Fauconnerie. Après la défaite de Sedan et l’exil de Napoléon III, les bonapartistes sont encore actifs. Bénéficiant d’appuis, Mirbeau rejoint l’Ariège, où il est d’abord sous-préfet, puis journaliste pour une publication bonapartiste. Il n’est pas tendre pour les républicains ! De retour à Paris, il s’exprime dans des organes de presse bonapartistes. C’est un journaliste qui intervient dans le champ politique, qui manifeste par ailleurs une curiosité certaine pour des écrivains et des artistes. Le bonapartisme auquel il adhère valorise une certaine idée de la France, dénonce certaines formes de cosmopolitisme. L’antisémitisme peut apparaître. Mirbeau journaliste, rédacteur en chef des Grimaces en 1883, emploie l’injure contre les Juifs de France. Dans le contexte de l’affaire Dreyfus, Mirbeau rallie les défenseurs du capitaine injustement condamné, paie les frais de justice d’Émile Zola, quand celui-ci est condamné par des tribunaux, voit dans l’auteur de « J’accuse » un héros, devient l’ami de Picquart, l’officier justicier qui confirme l’innocence de Dreyfus, participe à des manifestations avec des acteurs de la Ligue des droits de l’homme, créée pour défendre Dreyfus. Dans un roman, Le Journal d’une femme de chambre, publié en 1900, Mirbeau introduit un antidreyfusard qui manie le gourdin contre les défenseurs de Dreyfus. Certains de ceux qui ont côtoyé Mirbeau dans les années antérieures rappellent son antisémitisme. Mirbeau assume cette situation et publie « Palinodies » : il renie son antisémitisme. Mirbeau est toujours un pamphlétaire dans la presse, affirmant ses convictions. Parallèlement, il publie des romans très largement dénonciateurs des « vices » de la société bourgeoise, d’abord par fragments dans des journaux, puis dans des livres. Le succès est là. Il est traduit dans plusieurs langues. Cet écrivain est aussi dramaturge. La pièce Les affaires sont les affaires connaît un immense succès. Ami des peintres impressionnistes (il est un familier de Claude Monet à Giverny), ami du sculpteur Rodin, défenseur de Camille Claudel, c’est aussi un critique d’art réputé. Critique théâtral, il valorise Paul Claudel et Maeterlinck dès leurs premières créations. Il s’est éloigné du bonapartisme, le voici ami de Clemenceau, de plusieurs anarchistes. Il prend la plume pour dénoncer la politique coloniale de Jules Ferry. Politiquement Mirbeau a évolué. Il est toujours aussi fougueux.