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 La discussion philo 

Des sous-questions

Le moment de discussion commence ensuite, après une pause qui peut aller de quelques minutes à quelques jours, voire une ou deux semaines. Je commence par proposer deux ou trois courtes questions qui peuvent éclairer le sujet choisi, donner l'idée d'entrées particulières pour le traiter ou tenter d'initier une méthode de raisonnement construit. Il importe particulièrement de favoriser l’habitude de définition des termes importants et de donner des outils réflexifs pour débusquer les présupposés : une question comme « Pourquoi ne faut-il pas mentir ? » présuppose à l'évidence que le mensonge est à éviter.

Une éthique de la discussion

Une fois ces questions proposées, la parole circule entre les membres du groupe, le distributeur de parole ayant pour tâche de veiller à faire respecter les règles suivantes :

  • On ne parle que quand on a la parole ;

  • On s’astreint à la concision ;

  • On n’émet qu’une seule idée par prise de parole ;

  • On ne coupe pas la parole ;

  • Celui ou celle qui n’a jamais parlé (ou peu) a priorité sur celui ou celle qui a déjà parlé (ou qui a parlé plus...) ;

  • Une parole est prononcée pour tous, ou pas du tout ;

  • On évite tout jugement sur les paroles prononcées, autres que ceux produits par la recherche commune (donc, pas de "c'est nul", de "c'est intéressant", pas de moqueries ni de ricanements...) ;

  • On ne porte pas de jugement (encore moins !) sur les personnes ;

  • Tout désaccord doit être argumenté

L'animation de la discussion

Des astuces d'animation permettent de rendre les échanges plus efficaces. On peut par exemple renvoyer au groupe ce qui vient d'être dit : « Avez-vous compris ? » ; « Pouvez-vous répéter (ou reformuler) ? » ; « Qu'en pensez-vous ? » ; « Etes-vous d'accord ? » ; « Avez-vous des exemples ou des contre-exemples à fournir ? » ; « Avez-vous l’impression que ce que vient de dire A est la même chose que ce qu’a dit B ? », etc. Bien évidemment, l’animateur veillera à ce que ses interventions soient en nombre modéré et il ne sera pas trop exigeant quant aux réponses apportées. Le mutisme comme les digressions doivent être respectés. Mieux, ils doivent être collectivement questionnés. C'est là, peut-être, qu'interviennent le plus le doigté et l'expérience de l'animateur. Mais insister lourdement pour obtenir des réponses serait pour moi contre-productif. De même, l'animateur veillera à n'avoir aucun propos ou attitude qui ferait comprendre qu’il évalue ou juge ce que se dit.

Il me semble important, également, de ménager dans les deux parties de la démarche des temps de débat en petits groupes (2 ou 3) ou des moments de réflexion solitaire, sans imposer quoi que ce soit. Bien des discutants prennent la parole dans ces moments, ou pensent "pour eux", et sont davantage spectateurs dans les moments de débat en grand groupe. Ces temps alternatifs peuvent être proposés au moment de l'élaboration des questions, dans la première partie de la démarche, ou avant la discussion proprement dite, après que les questions courtes ont été proposées.

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