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 Choix de la question 

A partir de mots...

La détermination, par le groupe présent à l'atelier, de la question qui sera débattue est le premier temps de ma démarche. La meilleure façon de remplir les conditions répondant aux principes exposés est de ne rien prévoir ni préparer. Je commence donc par demander aux participants quels mots importants leur viennent spontanément à l'esprit, sachant que nous serons amenés à discuter sur l'un d’entre eux. Une trace de ces propositions est inscrite sur un support visible de tous. Très vite, tous, même les enfants, comprennent qu'il est préférable de proposer des mots ayant trait à des notions abstraites comme la vie, la mort, l'amitié, les sentiments, les relations interpersonnelles et autres.

Il s'agit ensuite pour chacun de choisir un de ces mots et d’élaborer autour de celui-ci une question d'ordre général. Avec le mot « mort », on préférera donc « Pourquoi meurt-on ? » à « Comment Henri IV est-il mort ? »

On voit bien que le champ des possibles est infini puisqu’il n'est pas rare qu’une dizaine voire une quinzaine de mots soient proposés, chacun pouvant entrainer la rédaction d’un nombre significatif de questions, alors qu’une seule de toutes les questions élaborées pourra être traitée lors du temps de discussion qui va suivre.

Il importe de choisir celle qui répond aux aspirations du plus grand nombre. Ce choix s'effectue par un vote à main levée, après que ceux qui le souhaitent ont tenté de définir les raisons qui les poussent à choisir une question plutôt qu’une autre.

A l'issue de ce premier moment, qui peut durer entre 30 et 45 minutes, on a défini une question qui est réellement l'émanation du groupe réuni ce jour-là.

Comparaisons

Dans bien des démarches divergentes de la mienne, c’est l'adulte qui apporte le sujet de discussion en l’imposant purement et simplement (« Aujourd’hui, nous allons nous demander ce que c’est, un chef ! ») ou en tentant de le faire émerger de textes qu'il a lui-même choisis, ce qui ne peut qu'être inducteur, ne serait-ce que par l'eurocentrisme sous-jacent (littérature jeunesse francophone, mythes grecs, contes traditionnels souvent européens : Perrault, Grimm, Andersen, etc.). Il me semble qu'on a alors affaire à une contradiction interne de la démarche, car on tente de faire comprendre aux membres du groupe qu'ils sont libres d'entrer en discussion, tout en leur en imposant le thème. Or, pour moi, la philosophie ne peut être qu’existentielle. Elle doit tenter de répondre à des questionnements ou à des interrogations issus directement du vécu, et elle doit avoir des conséquences dans la vraie vie. Comment supposer qu'une question apportée par l'animateur puisse répondre à ces critères ? Elle fait probablement figure de question existentielle pour lui, parce qu’il ne choisit pas cette thématique au hasard mais en réponse à des intentions, conscientes ou non. Qu’elle réponde aux interrogations des participants à la discussion, c’est beaucoup moins sûr…

La façon de procéder décrite dans ces pages peut être considérée comme ma démarche "de base", celle que j'entends employer de façon majoritaire, dans tous les groupes auprès desquels j'interviens. Mais, bien évidemment, cette démarche n'a pas vocation à l'hégémonie. Il peut être éminemment intéressant, lors de certaines séances, d'appliquer les habiletés développées en questionnant philosophiquement une oeuvre d'art (récit, roman, conte, film, oeuvre graphique, musicale ou autre), un événement d'actualité, etc.

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